L'expérience juive

Gilad Atzmon
 


Introduction de Fausto Giudice, Tlaxcala.

La lecture et la traduction de chaque article de Gilad provoque en moi la même jubilation que celle que je peux éprouver à l'écouter jouer du saxo avec ses amis du Orient House Ensemble.
Gilad a une culture, une expérience, un talent et un humour incomparables. En 1993, à la fin de ses trois ans de service militaire obligatoire, il a décidé de dire adieu à Israël puis, au fil des années passées à Londres et dans le vaste monde, il a dit adieu à la judaïté, choisissant Athènes (l'universalité) contre Jérusalem (le particularisme séparé). Il se définit aujourd'hui comme un « Palestinien parlant hébreu » et… de nationalité britannique. Mais il est resté fortement imprégné de tout ce qui rend cet Israël où il est né si attirant, et pas seulement pour les Juifs – ce mélange de pragmatisme, d'égalitarisme et d'ouverture qui pourrait faire merveille s'il pouvait s'appliquer au-delà de la tribu - sans oublier son indécrottable humour, qualité juive s'il en est. Si j'insiste sur cet humour, c'est qu'il me semble important de traiter ce qu'il est convenu d'appeler la question israélienne – et non pas palestinienne, car la Palestine était une réalité donnée, tandis qu'Israël a été une réalité imposée, avec les résultats que l'on sait – en évitant les larmes et les plaintes, en évitant toute victimisation de qui que ce soit, en interrogeant l'expérience vécue des gens, qui est toujours plus riche que tous les discours idéologiques. Bref, constituer un « gai savoir ».
Dans ce texte, Gilad poursuit la réflexion engagée il y a plusieurs années sur la base de ses expériences personnelles, qui n'est rien d'autre que l'édification des bases théoriques pour la refondation d'un mouvement mondial de solidarité avec le peuple palestinien qui trouve enfin les formes à mêmes de lui assurer une efficacité qu'il n'a pas su trouver à ce jour.


Pendant plus d'un demi-siècle, ceux qui ont tenté de combattre les forces qui sont derrière le modèle israélien ont identifié la politique et la praxis israéliennes au sionisme et à l'idéologie sioniste. J'ai le regret de leur dire qu'ils ont été de bout en bout à côté de la plaque. Certes le projet sioniste dicte le pillage de la Palestine au nom d'une ambition nationale juive. Il est aussi correct d'affirmer qu'Israël s'est montré plutôt efficace dans la traduction de la philosophie sioniste en une pratique dévastatrice d'oppression et de meurtre. Pourtant, les Israéliens, ou plus précisément la grande majorité des juifs laïcs nés Israéliens, ne sont motivés, ni imprégnés par l'idéologie sioniste. L'esprit ou les symboles de celle-ci ne veulent pratiquement rien dire pour eux. Aussi bizarre que cela puisse paraître à certains, le sionisme est soit une notion étrangère, soit simplement une notion archaïque pour la plupart des juifs laïcs nés en Israël. Vu que la grande majorité des Israéliens sont désorientés par rapport à la notion de sionisme, la plupart des formes de critique qui se définiraient comme antisionistes n'auraient que peu d'effet effet sur Israël, sur la politique israélienne ou sur le peuple israélien. Autrement dit, durant ces derniers soixante ans écoulées, ceux qui ont recouru au paradigme du sionisme et à son opposé n'ont fait que prêcher à des convertis.

Un examen approfondi du magma formé par Israël, le sionisme et la judaïté s'impose donc.

Départ familial

Chaque année, aux environs de la Pâque, ma famille me laisse seul pour deux semaines. Tali, mon épouse, et nos deux enfants, Mai (douze ans) et Yann (sept ans) partent pour Israël. Mon épouse appelle cela une visite familiale, elle insiste pour que les enfants voient leurs parents proches et qu'il est hors de question que mes convictions sur Israël, l'identité juive et le sionisme planétaire fassent obstacle aux affaires familiale ou interférent avec elles. Pour des raisons évidentes, je ne vais moi-même jamais en Israël. J'ai décidé il y a une dizaine d'années, que tant que ce pays ne sera pas devenu celui de tous ses citoyens, je n'ai rien à y faire.

Pendant les premières années où nous étions parents, à Londres, nous avons eu à plusieurs reprises des discussions avec Tali sur son choix de prédilection pour la trêve pascale. Au début, je n'étais pas d'accord. J'argumentais ainsi : traîner de jeunes innocents vers l'État d'apartheid « réservé aux seuls juifs » ne risquait pas de contribuer à leur futur bien-être et pouvait même de fait corrompre leur sens éthique. Durant ces années où nous étions de jeunes parents, Tali modérait mes craintes, arguant que nos enfants devaient être traités en être humains libres. Ils devaient avoir le droit de voir leur famille, et ce serait à eux de se faire une opinion quand ils y seraient prêts.

Quand nos enfants étaient encore tout petits, je trouvais très difficile de maintenir mes positions. Mai et Yann n'avaient aucun intérêt pour les complexités de la politique ou de l'éthique. Toutefois, mes enfants ayant grandi, leur aller-retour vers le shtetl hébraïque était devenu un chapitre éducatif d'importance, plus pour moi-même que pour qui que ce soit d'autre. Le fait d'observer mes enfants, en train d'être transformés en Israélophiles light m'a ouvert les yeux. J'ai alors compris l'impact d'Israël et du sionisme, à travers les yeux de mes enfants british. J'ai appris à admettre avec quelle facilité on peut tomber amoureux d'Israël.

Mes enfants aiment bien être là-bas. Ils adorent le ciel bleu, ils passent leur temps dans la mer et sur les plages sablonneuses. J'imagine qu'ils aiment le hoummous et les falafel. Il n'y a pas besoin d'être un génie pour réaliser que tout ce que j'ai mentionné jusqu'ici, a trait à la terre - c'est-à-dire à la Palestine - et non à l'État - c'est-à-dire Israël. Mais il n'y a pas que ça. Mes enfants aiment aussi parler hébreu en immersion parmi de gens qui le parlent, ils aiment rire en hébreu, et ils aiment même être fâchés en hébreu ! Ils aiment cette chutzpah (culot) hébraïque, qui est inextricablement inhérente au caractère ouvert des Israéliens. En fin de compte l'hébreu est leur langue maternelle.

Après avoir atterri dans une Londres nuageuse, Tali et les enfants sont un maussades et perdus pendant un certain temps. Tali devient légèrement nostalgique pour la brillante carrière théâtrale qu'elle a abandonnée là-bas. Cela est évidemment compréhensible. Mais le cas de mes enfants est un peu plus compliqué. Ils sont Britanniques. Bien que l'hébreu soit leur langue maternelle, l'anglais est leur première langue. À Londres, ils sont manifestement privés de certaines des libertés dont ils jouissaient là-bas : ils veulent continuer à jouer en plein air, à se baigner sous le glorieux soleil de la Méditerranée durant l'irrésistible éclosion d'un printemps sans une goutte de pluie. Mais ce qu'il y a de plus remarquable encore, c'est le fait qu'Israël résout ce qui semble être leur complexe identitaire en train d'émerger inévitablement. Quand ils sont à Londres, ils sont inquiets au sujet de leur identité ethnique, ils sont incapables de décider qui ils sont : sont-ils d'ex-Israéliens, d'ex-juifs, des juifs laïcs, des chrétiens par la culture, les enfants d'un Palestinien parlant l'hébreu, le fils et la fille d'un célèbre haïsseur-de-soi et fier de l'être, et ainsi de suite. En Israël, et en particulier avec la famille autour d'eux, aucune de ces questions n'entre en jeu. Les Israéliens sont enclins à vous admettre comme un frère, d'où que vous veniez, pourvu que vous ne soyez pas un Arabe. Alors qu'à Londres la multiethnique, mes enfants sont souvent confrontés à des questions évidentes quant à leur origine, qu'ils trouvent difficiles à maîtriser, en bonne partie à cause de moi et de mes positions, en Israël, ces questions ne se posent même pas.

Quand mes enfants sont de retour à Londres, j'ai l'impression, pendant une bonne semaine, que c'est moi, et ma lubie, qui leur ai infligé ces conditions d'exil hivernal. Mais, au plus profond de moi-même, je sais qu'ils ont entièrement raison. Tout ce que je peux dire pour me défendre, c'est : « Dur, dur ! ».

Une semaine ou deux après leur retour d'Israël, mes enfants deviennent des sionistes light. Ce n'est pas qu'ils contestent ce que je dis à propos de la Palestine, ni qu'ils développent un quelconque sentiment d'aspiration nationale juive, ni non plus qu'ils soient aveugles à la souffrance du peuple palestinien. De fait, mon fils, qui a sept ans, est tellement horrifié par le mur gigantesque qu'il n'arrête pas de poser des questions sur les gens qui vivent de l'autre côté. Mais il y a quelque chose dont ils font l'expérience en Israël, et ce quelque chose, c'est ce qui fait du sionisme le plus réussi des contes et légendes des juifs de la Diaspora depuis plus de deux millénaires. Ce n'est pas l'idéologie, qui fait le succès du sionisme, mes enfants se fichent de l'idéologie, ils ne savent probablement même pas ce que signifie ce mot. Ce n'est pas non plus la politique : mes enfants ne savent vraiment pas grand-chose de la politique. Non, il s'agit de l'appartenance. Le sionisme est un identifiant symbolique, et il fournit à la diaspora juive un ordre symbolique. Il donne un signifiant à toutes les apparences possibles, il crée un monde cohérent et sensé. Il donne un nom à la mer, au ciel, au soleil, à la terre, à la fraternité, à l'espoir et à l'amitié. Mais il donne, aussi, un nom à l'ennemi, aux goys, et même aux haïsseurs-d'eux-mêmes. Le sionisme est un ordre du monde lumineux mais. malheureusement, c'est aussi un ordre impitoyable et meurtrier.

À travers les yeux de mes jeunes enfants, j'ai une opportunité d'étudier la signification d'Israël, plus que sa politique ou ses pratiques. À travers eux, je peux voir ce qu'Israël a à offrir, et avec quelle puissance. En analysant la relation empathique de mes enfants avec Israël, j'ai saisi, maintenant, que l'expérience contemporaine juive est fondée sur deux ensembles dialectiques essentiels. L'un est relie Eretz Yisrael et la Diaspora, et l'autre peut être formulé ainsi : « Aime-toi toi-même autant que tu hais tous les autres ! »

Eretz Yisrael et la Diaspora

« Je suis un être humain, je suis un juif et je suis un Israélien. Le sionisme a été un instrument pour me faire passer de l'état de juif à l'état d'Israélien. Je crois que c'est Ben Gourion qui disait que le mouvement sioniste était l'échafaudage pour construire la maison et que, après l'établissement de l'État, il devrait être démantelé. »
Avraham Burg, auteur de l'ouvrage Leaving the Zionist ghetto (Abandonner le ghetto sioniste), dans un entretien avec Ari Shavit, le 9 juin 2007).

Pour ce qui est des juifs laïcs nés en Israël, le sionisme signifie très peu de chose. Si le sionisme a pour tâche d'affirmer que les juifs ont droit à un foyer national à Sion, le juif né en Israël vit déjà cette réalité dès la naissance. Pour lui/elle, le sionisme est un chapitre historique appartenant au passé, associé à la photo sépia d'un homme arborant une grande barbe noire (un certain Theodor Herzl). Pour les Israéliens, le sionisme, ça n'est pas une transformation attendue, c'est bien plutôt un chapitre historique ennuyeux, fastidieux, obsolète et sans intérêt, à la limite du bla-bla. C'est beaucoup moins intéressant que les histoires du jour : les pots-de-vin perçus par Olmert, ou la transformation d'Obama en porte-parole israélien ! De fait, pour les nouveaux Israélites, la Galut (la Diaspora) a quelques connotations négatives. Elle est associée aux ghettos, à la honte et aux persécutions, bien que ce terme ne s'applique ni au centre de Manhattan, ni au quartier londonien de Soho. J'entends par là, que les Israéliens n'ont pas tendance à identifier leur émigration d'Israël à un retour dans la Galut. Comme d'autres populations migrantes, ils recherchent tout simplement, une meilleure vie. Il convient de mentionner que, pour la plupart des Israéliens, Israël est loin d'être un endroit héroïque et glorieux. Naturellement, après soixante ans passés avec la même femme, on peut avoir du mal à en voir la beauté.

Le prétendu « Israélien », c'est-à-dire, le juif laïc né en Israël, ce merveilleux produit du sionisme postrévolutionnaire, est désormais tellement habitué à son existence dans la région qu'il a perdu son instinct juif de survie. Au lieu de cela, il adopte l'interprétation la plus hédoniste possible de l'individualisme éclairé occidental, qui abolit les ultimes réminiscences du collectivisme tribal. Cela explique peut-être pourquoi Israël a été vaincu dans la dernière guerre au Liban. L'Israélien nouveau ne voit plus la moindre raison de se sacrifier sur un autel collectif juif. Il est bien autrement intéressé à explorer les aspects pragmatiques de la philosophie de la « belle vie ». Cela explique sans doute aussi la raison pour laquelle l'armée israélienne est incapable de résoudre la menace croissante des roquettes Qassam. Pour cela, les généraux israéliens doivent mettre sur pied une forme quelconque de tactique terrestre courageuse. Apparemment, ils ont retenu la leçon libanaise : les sociétés hédonistes ne produisent pas de guerriersspartiates, et sans réels guerriers à votre disposition, vous avez intérêt à vous désengager, et à vous défendre de loin. Au lieu d'envoyer des unités spéciales d'infanterie dans la bande de Gaza à l'aube, il est apparemment bien plus facile de lâcher des bombes sur des quartiers surpeuplés, ou alors d'en affamer les habitants jusqu'à ce qu'ils se rendent. Inutile de préciser que les Palestiniens, les Syriens, le Hezbollah, les Iraniens et tout le monde musulman voient tous, très bien ce qui se passe. Ils analysent au jour le jour les tactiques de couardise des Israéliens, ils savent que les jours d'Israël sont comptés.

Aussi curieux cela paraisse, les Israéliens ne sont pas préoccupés par l'émergence inévitable et fatale de cette réalité, tout du moins, du moins pas de manière consciente. Leur instinct tribal de survie ayant été remplacé par un individualisme éclairé, les jeunes Israéliens sont très largement préoccupés par leur survie personnelle plutôt que par un quelconque projet collectif. L'Israélien ira aussi loin que demander : « comment diable est-ce que je peux me tirer d'ici ? » Le nouveau juif laïc israélien est un escapiste. Dès qu'il/elle en a terminé avec son service militaire obligatoire, soit il/elle se précipitera à l'aéroport, soit il/elle) comment se déconnecter de toutes les chaînes d'information. Le nombre d'Israéliens quittant leur mère-patrie ne fait que s'accroître, de jour en jour. Les autres, ceux qui sont condamnés à rester en Israël, développent une culture d'indifférence apathique.

Beaufort et Sdérot

Récemment, j'ai vu Beaufort, un film israélien plusieurs fois primé. Bien que je n'aie pas du tout été subjugué par la prouesse cinématographique, ce film est un exposé étonnant de l'état de choc d'après les combats et du défaitisme israéliens. Il raconte l'histoire d'une unité spéciale de la brigade Golani de l'infanterie des Forces Israéliennes de Sécurité, enterrée dans un bunker installé à l'intérieur d'une forteresse byzantine, à Beaufort, au sommet d'une montagne du Sud-Liban. L'intrigue se situe quelques jours avant le premier retrait israélien du Sud-Liban (en 2000). Comme de juste, le peloton israélien est cerné par des combattants du Hezbollah. Des journées et des nuits entières, ils vivent dans des tranchées, se cachent dans des abris en béton armé et sont soumis à des tirs de barrages continuels de mortiers et de missiles. Bien qu'ils pensent tous à la vie qu'ils mèneront une fois sortis de l'enfer dans lequel ils sont pris au piège, s'ils s'en sortent, ils meurent tous, l'un après l'autre, frappés par un ennemi qu'ils ne voient même pas.

Les Israéliens ont adoré ce film. Le reste du monde a été un peu moins convaincu de sa qualité cinématographique. Si vous vous demandez ce que les Israéliens ont tellement aimé, dans ce film, voici ma réponse. Pour les Israéliens, la situation décrite dans le film est une allégorie d'un État qui prend conscience du caractère temporel et futile de son existence. Autant les soldats israéliens rêvent de s'enfuir dès qu'ils pourront le faire, que ce soit en allant s'installer à New York ou en allant se défoncer à Goa, la société israélienne est en train de prendre conscience de la fin inéluctable à laquelle elle est condamnée. Comme les soldats dans le film, les Israéliens veulent devenir Américains, Parisiens, Londoniens et Berlinois. Le nombre des Israéliens faisant la queue pour obtenir un passeport polonais augmente chaque jour. Le film Beaufort est une métaphore d'une société qui finit par prendre conscience qu'elle est en état de siège. Une société qui prend conscience qu'il n'y a sans doute pas d'échappatoire, ni physique ni mentale, sous la forme d'une indifférence croissante. Le film peut être interprété comme une parabole d'une société qui découvre avec angoisse qu'elle est temporaire.

De manière très intéressante, autant les soldats dans la forteresse de Beaufort et les habitants de Sderot ou d'Ashkelon sont rendus perplexes par leur propre volonté de tout planter là et de prendre leurs jambes à leur cou pour survivre, autant ils ne voient plus la moindre raison de s'accrocher là où ils se trouvent, pour le juif de la Diaspora, Israël n'est rien moins qu'un modèle lumineux de gloire. Israël est à la fois la signification et la signification en devenir. Pour le juif en diaspora, Israël est la transformation symbolique tendue vers la libération et même vers la rédemption de la misère juive. Israël est tout ce que le juif diasporique n'est pas. Israël est empli de chutzpah, il est puissant, il est vigoureux, il défend ce en quoi il croit. Par conséquent, pour un jeune juif de Golders Green ou de Brooklyn, faire son alyah, ou même simplement s'enrôler dans ce qu'il/elle considère être l'héroïque armée israélienne, c'est autrement plus glorieux que d'être embauché dans le cabinet d'avocats, dentaire ou comptable de papa.

« CHUTZPAH : impudence ou culot absolu. L'exemple classique est cet homme qui tue ses parents puis demande la grâce du tribunal parce qu'il est un orphelin. Aussi utilisé pour désigner une grande détermination. » Défintion tirée du dictionnaire yiddish de Shmulka, ornant un T-shirt commercialisé par le Jewish Book Center (Centre du livre juif) du Cercle ouvrier (Workmen's Circle/Arbeter Ring), qui promeut le yiddish aux USA depuis 1900.

Horrifié à l'idée, peu probable, que mes gamins me fassent un jour la surprise de suggérer qu'ils pourraient aller passer quelque temps en Israël tout seuls, sans la supervision parentale de leur mère, j'ai commencé à comprendre, voici peu de temps, ce qu'Israël a à offrir aux juifs du monde entier. En fait, rares sont les parents juifs qui dissuaderaient leur fils ou leur fille de s'enrôler dans les Forces Israéliennes de Défense ; pourquoi les en dissuaderaient-ils ? L'armée israélienne est une armée très sécurisée : elle évite les offensives terrestres au maximum, elle tue de loin, elle accorde à ses soldats une valeur aussi importante qu'elle aime infliger une douleur poussée à l'extrême aux autres. Tout père juif ne peut qu'admettre qu'il peut être utile, pour son rejeton, de savoir conduire un tank, piloter un hélicoptère ou arroser avec un lance-grenades MK47. Contrairement aux combattants palestiniens au sous-équipement choquant, qui meurent en nombre chaque jour, les soldats israéliens ne risquent presque jamais leur vie. Par conséquent, l'héroïque alyah et même l'intégration dans les FID semblent des aventures sans problème, du moins à ce jour.

Bien qu'il soit parfaitement évident que la plupart des jeunes juifs diasporiques décident de poursuivre leur existence là où ils se trouvent et d'éviter de « profiter » du défi de l'alyah sioniste, le sionisme n'en continue pas moins à leur frounir un identifiant symbolique. Le sionisme et ses aliyah operators (comme on parle de tour operators, NdT) leur offrent l'opportunité soit de s'identifier aux rares à être allés jusque-là, ou à devenir eux-mêmes des soldats d'une des plus puissantes armées du monde.

Le retour du Juif Errant

Le sionisme a inventé le peuple juif, et il a placé son foyer national, Israël, dans un conflit dévastateur qui est en train de prendre, aujourd'hui, une dimension mondiale, et qui est devenu une très grave menace planétaire. Pourtant, pour les Israéliens, eux qui se retrouvent dans l'oeil du cyclone, le « sionisme » signifie très peu de chose. Les Israéliens s'enrôlent dans les Forces Israéliennes de Défense non pas parce qu'ils sont sionistes, mais parce qu'ils sont juifs (par opposition aux musulmans qui les entourent). Cette prise de conscience cruciale peut conférer une signification nouvelle à la notion de « juif errant ». La dialectique qui s'est instaurée entre la Diaspora et Eretz Yisrael conduit à un double courant contraire de migration, d'aspiration et d'espoir. Les juifs de la Diaspora sont aspirés par Israël à la lumière du fantasme sioniste, et les juifs israéliens, d'autre part, sont déterminés à s'enfuir de leur pays de plus en plus assiégé. La Diaspora se dirige vers Eretz Yisrael, et les juifs israéliens, de manière générale, n'aspirent qu'à s'enfuir.

Ce contre-courant de migration/aspiration est loin d'être une question contingente, en réalité, c'est le produit direct des écritures saintes judaïques. Comme je l'ai exploré dans mon article D'Esther à Birkenau, d'Esther à l'AIPAC, de plus en plus de spécialistes de la Bible débattent, aujourd'hui, de l'historicité de celle-ci. Apparemment, « la Bible, dans sa plus grande partie, a été écrite après l'Exil (des juifs) à Babylone et ces écrits remettent en forme (et, dans une large mesure, inventent purement et simplement) l'histoire israélite antérieure de façon à ce qu'elle reflète et réitère les expériences de ceux qui revenaient de leur exil babylonien. »

En conséquence, la Bible, en tant que texte exilique, aboutit à une réalité fragmentée, dans laquelle le juif de la Diaspora aspire à « retourner » une fois encore chez lui, l'idéologie perdant de son caractère persuasif. Le cas du sionisme est similaire, de manière frappante : il a réussi à aspirer quelques juifs en leur parlant de Sion, et pourtant, une fois à Sion, l'idéologie est incapable de fournir l'aventure à domicile.

Nous pouvons très nettement déceler une tension dialectique entre le sionisme, l'identité du juif de la diaspora et l'israélitude, qui est dans une large mesure liée au projet hébraïque. Le sionisme et Israël sont deux pôles différents, qui, ensemble, forment l'expérience juive contemporaine.

Aime-toi toi-même autant que tu hais tous les autres

Une fois que vous avez compris l'opposition dialectique entre Eretz Yisrael et la Diaspora, vous êtes prêt à aller plus loin et à réfléchir à la relation complémentaire unique existant entre les deux. Autant Eretz Yisrael et la Diaspora établissent un double courant contraire d'aspiration et de migration, autant Israël a pour fonction d'établir une interprétation symbolique cohérente et logique du chauvinisme et du suprématisme tribaux juifs. Israël fait du « aime-toi toi-même autant que tu hais tous les autres » une réalité dévastatrice, dans laquelle l'auto-amant s'avère capable d'infliger la douleur la plus atroce aux voisins qui l'entourent. Afin de comprendre le concept juif d'amour de soi-même, il est sans doute nécessaire que nous réfléchissions d'abord à la question qui fait exister cette forme particulière de conscience émotionnelle personnelle : j'ai nommé la question du statut de peuple élu.

Si la compréhension religieuse juive du fait d'avoir été choisis est conçue comme un fardeau moral, par lequel les juifs se voient ordonner par Dieu d'être un modèle de comportement moral, l'interprétation juive laïque de l'élection se réduit à une forme chauvine, banale, de suprématie racialement orientée. Elle encourage clairement ceux qui se trouvent avoir une mère juive à s'aimer eux-mêmes aveuglément. Il est crucial de mentionner, à ce stade, que, dans la plupart des cas, la suprématie juive conduirait à un certain niveau de mépris pour les droits élémentaires des autres. Dans bien des cas, cela conduit à l'animosité, voire même à la haine, latente ou manifeste.

C'est ce suprématisme qui est au coeur de la revendication sioniste sur la Palestine, aux dépens de ses habitants indigènes. Mais cela ne s'arrête manifestement pas à la Palestine ; la manifestation radicale du lobbying juif en faveur de l'extension de la « guerre contre le terrorisme », telle que manifestée, par exemple, par l'American Jewish Congress (AJC), n'en est qu'un exemple de plus. Je n'oserais jamais affirmer que ce type de propagande belliciste soit propre aux juifs (en tant que peuple), et pourtant, malheureusement, il est particulièrement symptomatique de la pensée politique tribale juive, de gauche, de droite ou du centre. Par conséquent, le fait que, sur la ligne de front de la lutte pour l'humanisme et l'éthique universels, nous trouvions des juifs tels que Jésus, Spinoza et Marx ne devrait absolument pas nous étonner. Ces hommes, qui se sont sacrifiés pour introduire une notion de fraternité, se sont élevés, tout d'abord et avant toute chose, contre la suprématie tribale qu'ils trouvaient en eux-mêmes et dans leur héritage culturel. Par-dessus tout, ils ont protesté contre ce qui leur était familier et ils ont suggéré d'y substituer la fraternité et l'amour.

Toutefois, nous pouvons noter que Jésus, Spinoza et Marx n'ont pas réussi à transformer les juifs (comme collectif), bien qu'ils aient eu un certain succès auprès de certains d'entre eux. Apparemment, le passage du tribalisme dogmatique monothéiste pétrifié à un universalisme pluraliste et tolérant est quasiment impossible. De fait, beaucoup de juifs ont réussi à laisser tomber Dieu, comme nous le savons, certains sont devenus marxistes, mais d'une certaine façon, beaucoup de ces derniers sont restés fidèles à leur philosophie « uniquement juive », monothéiste et tribalement exclusiviste (le Bund, les JAZ, Juifs contre le sionisme). D'autres sont allés jusqu'à devenir une « nation comme toutes les autres nations » (sionisme), sauf qu'ils ont veillé à nettoyer et à massacrer ceux qui, ethniquement, ne correspondaient pas à la vision qu'ils se faisaient d'eux-mêmes (la Nakba de 1948). Certains sont devenus tellement libéraux et cosmopolites qu'ils ont trouvé le moyen de réduire le conflit mondial contemporain en une simple question de « soft drink ». « Les gens qui boivent du Coca-Cola ne se font pas la guerre entre eux », nous ont-ils appris. C'est peut-être vrai, toutefois, apparemment, les buveurs de Coca ont récemment massacré un million et demi d'Irakiens, le tout, au nom de la « démocratie ».

Il est tout à fait crucial de mentionner que beaucoup de juifs ont réussi à s'assimiler et à laisser de côté leurs traits dominants tribaux, fonctionnant comme des êtres humains ordinaires. Ils n'ont rien à voir ni avec le Bund, ni avec les Neocons, ni avec le sionisme. Apparemment, ces êtres authentiquement libérés ne rentrent pas dans le cadre de mon étude, et je ne peux que leur souhaiter beaucoup de chance et de succès.

Toutefois, bien que les juifs soient divisés entre eux sur de nombreux sujets, ils sont unis dans la lutte contre ceux qu'ils identifient collectivement comme leurs ennemis. Il m'a fallu un certain temps pour comprendre que ceux qui oeuvrent sous la bannière exclusive juive, au sein du mouvement de solidarité avec la Palestine, et au sein des mouvements anti-guerre, sont avant tout soucieux de lutter contre toute référence au lobbying juif, ou au pouvoir juif.

J'ai déjà proposé une explication. Le sionisme, en soi, a peu de choses à voir avec Israël : c'est un discours interne à la Diaspora juive. Par conséquent, le débat entre les sionistes et les antisionistes juifs n'a aucun impact sur Israël, ni sur la lutte contre les méfaits israéliens. Ce débat ne sert qu'à entretenir la controverse au sein de la famille, tout en semant davantage de confusion chez les goys. Cela permet au propagandiste juif ethnique d'affirmer que « tous les juifs ne sont pas sionistes, de fait, il y a presque deux douzaines d'« antisionistes juifs » dans le monde ». Aussi pathétique que cela paraisse, cet argument filandreux a suffi à effectivement faire exploser toute critique contre le lobbying ethnocentrique juif exprimée au cours des quarante dernières années. Apparemment et malheureusement, quand il s'agit d'agir, les sionistes et les soi-disant « anti »-sionistes juifs se comportent comme un seul et même peuple. Pourquoi agissent-ils comme un seul peuple ? Parce qu'ils sont un seul et même peuple. Sont-ils réellement un même peuple ? Peu importe, dès lors qu'ils sont persuadés eux-mêmes d'être un même peuple ou d'agir en tant que tels. Et qu'est-ce qui fait d'eux un même peuple ? Sans doute le fait qu'ils haïssent tous les autres autant qu'ils s'aiment eux-mêmes.

Un vieux dicton juif dit : « Dis-moi qui sont tes amis, et je te dirai qui tu es », il serait plus approprié de le moderniser pourune lecture plus affinée de la politique juive tribale contemporaine : « Dis-moi simplement qui tu hais, et je te dirai qui tu es ! ». Si, par exemple, vous haïssez Finkelstein, Atzmon, Blankfort, Mearsheimer & Walt, etc., vous êtes sans doute juif. Si, simplement, vous n'êtes pas d'accord avec l'une quelconque des personnes citées, vous pouvez vraiment être n'importe quoi.

La haine, et même la répugnance envers quelqu'un, est tristement symptomatique de la politique tribale juive, et cela a probablement à voir avec le fait que la politique tribale juive est marginale et définie par la négation. Israël a nettement réussi à la perfectionner et à lui donner une signification réellement nouvelle. Alors que le juif diasporique a le droit de s'aimer lui-même, sa haine envers l'autre est dans une large mesure étouffée. Autant certains juifs peuvent aimer observer à la lettre leurs prescriptions religieuses et cracher sur les églises* , ou simplement détruire l'existence d'universitaires et d'artistes prestigieux, la haine et la violence ne sont pas tolérées à l'intérieur du discours occidental contemporain. C'est exactement là qu'Israël entre dans la danse. Autant les Israéliens s'aiment eux-mêmes, autant ils sont capables de haïr quiconque n'est pas eux. Ils sont capables d'affamer des millions de Palestiniens, ils sont capables de tuer quand cela leur chante. Israël a fait de la devise « aime-toi toi-même ; haïs tous les autres ! » une pratique viable. Il a résolu la tension ambivalente la plus inhérente à la pratique de l'amour de soi tout en étant au milieu d'autres. Israël ne se contente pas de haïr le professeur Finkelstein ; il est capable de l'emprisonner, et même de l'expulser. Israël ne se contente pas de haïr les Palestiniens, il est aussi capable de les affamer, de les enfermer derrière des murailles et des fils de fer barbelés, il est capable de les bombarder, et même de vitrifier les jusqu'au-boutistes parmi eux, le moment venu.

C'est là l'aspect le plus effrayant de la complémentarité entre Eretz Yisrael et la Diaspora. C'est la matérialisation d'une société bourrée à craquer de haine. Après deux millénaires d'errance, le juif national récemment réformé est capable non seulement de haïr, mais aussi d'infliger la douleur la plus extrême à ceux qu'il se trouve haïr.

Explorer la question juive

Une fois par ans, autour de Pâques, ma famille me quitte, et je reste seul à Londres, pour deux semaines. Mon épouse Tali et nos deux enfants Mai et Yann vont en Israël. Je vois bien à quel point ils aiment aller là-bas. Je comprends très bien ce que c'est qu'ils aiment trouver, là-bas. Heureusement, je suis en mesure de dire qu'au moins pour l'instant, mes enfants ne sont pas des amoureux forcenés d'eux-mêmes et qu'ils ne se considèrent pas comme faisant partie d'un quelconque collectif tribal. En conséquence de quoi, ils ne haïssent personne.

Toutefois, à travers leur expérience, je peux voir ce qu'Israël peut offrir, en particulier à ceux qui n'y vivent pas. Je peux voir à quel point l'aventure israélienne peut paraître une success story, vue de loin. A travers leur expérience, j'ai appris des choses sur la dialectique entre la quête domestique israélo/hébraïque et l'aspiration sioniste/diasporique. La négation et la complémentarité entre l'hébraïque et le diasporique est l'essence de l'expérience juive contemporaine.

Si nous voulons régler la question des crimes perpétrés par Israël et celle du mal promu par les lobbies sionistes mondiaux, nous devons entreprendre une étude approfondie de la question juive et de l'expérience juive. Il ne s'agit pas seulement d'Israël ou du sionisme, mais bien plutôt magma unique, dévastateur et complexe formé par les deux. A défaut de questionner l'expérience juive, nous sommes condamnés à perdre notre temps à employer une terminologie archaïque remontant au XIXème siècle, qui n'a strictement rien à voir avec le conflit actuel.

Une fois que nous aurons eu assez de courage pour explorer la question juive et l'identité juive, nous serons peut-être à même de comprendre que l'apartheid israélien n'est pas simplement un ensemble de circonstances politiques, mais, en réalité, un résultat naturel d'une philosophie tribale particulière, qui est racialement orientée. Plutôt qu'une mesure politique, le mur israélien est une manifestation d'une attitude raciste exclusiviste qui est au coeur de la notion juive de ségrégation. Dès lors que nous nous élèverions et que nous insisterions pour interpréter l'examen israélo/sioniste de la question juive, nous pourrions tout aussi bien comprendre la raison pour laquelle le Sénateur Obama s'est précipité à la conférence de l'AIPAC, trois heures seulement après que sa nomination à la candidature démocrate était assurée. L'ensemble des promesses faites par Obama, Clinton et McCain à l'AIPAC, il y a quelques jours, est, en réalité, un fidèle reflet de l'expérience juive contemporaine. Les sénateurs ont alimenté la crème des lobbyistes juifs usaméricains exactement avec la nourriture que ceux-ci veulent avaler. Au détriment des Palestiniens, des Irakiens, des Syriens, des Iraniens et de milliards de musulmans, les hommes politiques usaméricains ont ouvertement promis que l'Amérique persisterait à être de parti-pris. Apparemment, l'Usamérique préfère apaiser sa minuscule minorité juive plutôt que d'être un médiateur international et un négociateur véritablement sincère. J'affirme fortement qu'à la lumière des crimes perpétrés par l'État juif au nom du peuple juif, nous sommes parfaitement fondés à mettre en question la philosophie et la praxis impliquées dans l'expérience juive. Nous ne devons jamais nous laisser intimider, ni par les activistes ethniques juifs, ni par les diffamateurs sionistes.

Puisque les juifs ne forment pas une race, mais qu'ils succombent largement à diverses formes de politique collective racialement orientée, nous n'avons aucune raison de craindre d'aborder cette question. Une fois que nous aurons intégré comme une donnée que les juifs ne forment pas une race, l'étude de l'identité et de la politique juives ne relèvera ni du racisme, ni de l'essentialisme. C'est en réalité tout le contraire : de fait, il s'agit d'une lecture critique d'une idéologie raciste, et du suprématisme qui la caractérise.

Ceux d'entre nous qui voient dans Israël et le sionisme le plus grave danger pesant sur la paix du monde doivent persévérer dans cette étude. Au lieu de nous focaliser séparément sur le sionisme ou sur Israël, nous devons bûcher sur l'amalgame de complexité unique en son genre que forment les deux. Ce complexe dialectique détermine la notion contemporaine d'expérience juive. Le sionisme, en lui-même, n'est pas davantage qu'un leurre. Il n'a d'autre finalité que de captiver notre attention et de nous faire perdre notre focale. Apparemment, notre attaque du sionisme n'a aucun impact sur Israël, sur sa politique et sur ses habitants. Au mieux, elle dérange quelques juifs sionistes.

Tout autant que l'étude critique de l'« Expérience juive » peut nous aider à sauver des millions de vies de Palestiniens, d'Irakiens, de Syriens et d'Iraniens, il est dans l'intérêt collectif des juifs de comprendre la véritable nature de l'expérience et de la politique juives. En fin de compte, c'est la politique juive (plutôt que la religion juive) qui risque, in fine, de diaboliser le collectif juif tout entier, pour les millénaires à venir. Il relève de l'intérêt collectif juif d'arrêter la bête politique, avant qu'il ne soit trop tard.

Je le dois à mes frères et à mes soeurs palestiniens, je me le dois à moi-même, je le dois à Yann et à Mai. Je veux être sûr que lorsque viendra le temps, pour eux, de protester contre ma propre « expérience anti-juive », je serai assez intelligent pour en discuter avec eux, jusqu'au bout, d'une manière ouverte et réfléchie.

Note

* D'après le Dr. Israel Shahak, dans son ouvrage « Jewish History, Jewish Religion: The Weight of Three Thousand Years » ( Histoire juive, religion juive, le poids de 3000 ans), cette pratique a des racines anciennes, et elle est devenue de plus en plus fréquente : déshonorer les symboles religieux chrétiens est un devoir religieux très ancien, dans le judaïsme. Cracher sur la croix, et en particulier sur le crucifix, et cracher, pour les juifs, lorsqu'ils viennent à passer devant une église, est devenu une obligation, pour les juifs pieux, depuis environ le troisième siècle. Dans le passé, quand le danger d'une hostilité antisémite était réel, les juifs pieux étaient tenus par leurs rabbins de cracher soit d'une manière telle que leur raison pour le faire reste cachée, soit de façon que le crachat retombe sur leur poitrine, et n'atteigne pas réellement la croix, ou de ne pas cracher ouvertement en passant devant une église.