Les manifestations iraniennes sont-elles une autre "révolution colorée" orchestrée par les USA ?

Paul Craig Roberts, 2009-06-19

Un certain nombre de commentateurs ont exprimé leur croyance en la pureté des idéaux de Mousavi, Montazeri, et de la jeunesse occidentalisée de Téhéran.

Le plan de déstabilisation de la CIA, annoncé il ya deux ans (voir ci-dessous), n’aurait d’aucune manière influencé les événements.

On prétend qu’Ahmadinedjad a volé l'élection, parce que le résultat a été déclaré trop peu de temps après la fermeture des bureaux de vote pour que tous les bulletins aient été comptés. Pourtant, Mousavi a proclamé sa victoire plusieurs heures avant la fermeture des bureaux de vote.

Cette déstabilisation est un classique de la CIA visant à discréditer un résultat contraire à ses attentes. Elle force à une déclaration précipitée du résultat. Plus était long l’intervalle de temps entre la déclaration anticipée de victoire et la publication des scores électoraux, et plus Mousavi avait de temps pour donner l’impression que les autorités se servaient de ce délai pour manipuler le vote. Il est étonnant que cette astuce ne soit pas perçue par les gens.

Ainsi de l’accusation formulée par le grand ayatollah Montazeri selon qui l’élection a été truquée; ce dernier est celui qui avait été initialement choisi pour succéder à Khomeini avant de s’effacer devant l’actuel guide suprême [Khamenei]. Il voit dans les manifestations une opportunité de régler ses comptes avec Khamenei. Montazeri a incité à contester l’élection, qu’il soit ou non manipulé par la CIA qui a une longue histoire réussie de manipulation de politiciens aigris. Il ya une lutte de pouvoir entre les ayatollahs. Beaucoup se rangent contre Ahmadinedjad parce qu’il les accuse de corruption, s’appuyant ainsi sur le monde rural iranien où les gens croient que le style de vie des ayatollahs est le signe d’un excès de pouvoir et de richesses. A mon avis, les attaques d’Ahmadinedjad contre les ayatollahs sont opportunistes. Cependant, elles rendent étranges les dires de ses détracteurs américains selon lesquels il est un conservateur réactionnaire aligné sur les ayatollahs.

Les commentateurs « expliquent  » les élections iraniennes en se basant sur leurs propres illusions, fantasmes, émotions et intérêts. Que les résultats des sondages annonçant la victoire d’Ahmadinedjad soient fiables ou non, il n’existe, pour l’heure, aucune preuve en dehors de suppositions, que le scrutin a été truqué. Par contre, nous avons des informations crédibles selon lesquelles la CIA a œuvré depuis deux ans pour déstabiliser le gouvernement iranien.

Le 23 mai 2007, Brian Ross et Richard Esposito rapportaient sur ABC News : « La CIA a reçu l’approbation secrète du président pour monter une opération secrète [« black  » operation] pour déstabiliser le gouvernement iranien, ont déclaré à ABC News d’anciens et d’actuels responsables de la communauté du renseignement ».

Le 27 mai, le Telegraph de Londres rapportait de son côté : « M. Bush a signé un document officiel approuvant des plans de la CIA pour une campagne de propagande et de désinformation visant à déstabiliser et finalement renverser le régime théocratique des Mollahs ». Quelques jours auparavant, le Telegraph signalait le 16 Mai 2007, que le néoconservateur belliciste de l’administration Bush John Bolton avait déclaré au Telegraph qu’une intervention militaire américaine contre l'Iran serait « une option ultime » en cas d’échec des sanctions économiques et des tentatives pour fomenter une révolution populaire ».

Le 29 juin 2008, Seymour Hersh écrivait dans le New Yorker : « Selon des sources militaires, du renseignement et du Congrès, actuellement en exercice ou non, à la fin de l’année dernière, le Congrès a accédé à une demande du président Bush pour financer une escalade majeure des opérations secrètes contre l’Iran. Ces opérations, pour lesquelles le président avait demandé plus de 400 millions de dollars, étaient décrites dans un relevé de conclusions présidentiel signé par Bush et sont conçues pour déstabiliser le leadership religieux de ce pays ».

De nombreux participants aux manifestations de Téhéran sont sans aucun doute sincères. Ces manifestations ont également toutes les caractéristiques des manifestations orchestrées par la CIA en Géorgie et en Ukraine. Il faut être complètement aveugle pour ne pas le voir.

Daniel McAdams présente quelques points révélateurs. Par exemple, le néoconservateur Kenneth Timmerman écrivait la veille du scrutin que « on parle d’une ‘révolution verte’ à Téhéran.  » Comment Timmerman peut-il le savoir s’il n’y a pas un plan orchestré ? Pourquoi une ‘révolution verte’ aurait-elle été préparée avant le scrutin, en particulier si Mousavi et ses partisans étaient si confiants dans la victoire comme ils le prétendent ? Cela ressemble à une preuve définitive que les Etats Unis sont impliqués dans les manifestations concernant l’élection.

Timmerman poursuit en écrivant que "le National Endowment for Democracy a dépensé des millions de dollars, pour la promotion de révolutions ‘colorées’. . . . . Une partie de cet argent semble s’être retrouvé entre les mains d’organisations pro Mousavi qui ont des liens avec des organisations non gouvernementales hors d’Iran et qui sont financées par le National Endowment for Democracy.  » La propre fondation néoconservatrice de Timmerman, la Foundation for Democracy est « une organisation privée à but non lucratif créée en 1995 avec des subventions de la Natinal Endowment for Democracy (NED) pour promouvoir la démocratie et des normes des droits de l’homme internationalement reconnues en Iran ».

Are the Iranian Election Protests Another US Orchestrated ‘Color Revolution’?

Paul Craig Roberts, June 19, 2009

A number of commentators have expressed their idealistic belief in the purity of Mousavi, Montazeri, and the westernized youth of Tehran. The CIA destabilization plan, announced two years ago (see below) has somehow not contaminated unfolding events.

The claim is made that Ahmadinejad stole the election, because the outcome was declared too soon after the polls closed for all the votes to have been counted. However, Mousavi declared his victory several hours before the polls closed. This is classic CIA destabilization designed to discredit a contrary outcome. It forces an early declaration of the vote. The longer the time interval between the preemptive declaration of victory and the release of the vote tally, the longer Mousavi has to create the impression that the authorities are using the time to fix the vote. It is amazing that people don’t see through this trick.

As for the grand ayatollah Montazeri’s charge that the election was stolen, he was the initial choice to succeed Khomeini, but lost out to the current Supreme Leader. He sees in the protests an opportunity to settle the score with Khamenei. Montazeri has the incentive to challenge the election whether or not he is being manipulated by the CIA, which has a successful history of manipulating disgruntled politicians.

There is a power struggle among the ayatollahs. Many are aligned against Ahmadinejad because he accuses them of corruption, thus playing to the Iranian countryside where Iranians believe the ayatollahs' lifestyles indicate an excess of power and money. In my opinion, Ahmadinejad's attack on the ayatollahs is opportunistic. However, it does make it odd for his American detractors to say he is a conservative reactionary lined up with the ayatollahs.

Commentators are « explaining » the Iran elections based on their own illusions, delusions, emotions, and vested interests. Whether or not the poll results predicting Ahmadinejad's win are sound, there is, so far, no evidence beyond surmise that the election was stolen. However, there are credible reports that the CIA has been working for two years to destabilize the Iranian government.

On May 23, 2007, Brian Ross and Richard Esposito reported on ABC News: « The CIA has received secret presidential approval to mount a covert "black" operation to destabilize the Iranian government, current and former officials in the intelligence community tell ABC News ».

On May 27, 2007, the London Telegraph independently reported: « Mr. Bush has signed an official document endorsing CIA plans for a propaganda and disinformation campaign intended to destabilize, and eventually topple, the theocratic rule of the mullahs ».

A few days previously, the Telegraph reported on May 16, 2007, that Bush administration neocon warmonger John Bolton told the Telegraph that a US military attack on Iran would « be a ‘last option’ after economic sanctions and attempts to foment a popular revolution had failed ».

On June 29, 2008, Seymour Hersh reported in the New Yorker: « Late last year, Congress agreed to a request from President Bush to fund a major escalation of covert operations against Iran, according to current and former military, intelligence, and congressional sources. These operations, for which the President sought up to four hundred million dollars, were described in a Presidential Finding signed by Bush, and are designed to destabilize the country’s religious leadership ».

The protests in Tehran no doubt have many sincere participants. The protests also have the hallmarks of the CIA orchestrated protests in Georgia and Ukraine. It requires total blindness not to see this.

Daniel McAdams has made some telling points. For example, neoconservative Kenneth Timmerman wrote the day before the election that « there’s talk of a ‘green revolution’ in Tehran ». How would Timmerman know that unless it was an orchestrated plan? Why would there be a ‘green revolution’ prepared prior to the vote, especially if Mousavi and his supporters were as confident of victory as they claim? This looks like definite evidence that the US is involved in the election protests.

Timmerman goes on to write that « the National Endowment for Democracy has spent millions of dollars promoting ‘color’ revolutions . . . Some of that money appears to have made it into the hands of pro-Mousavi groups, who have ties to non-governmental organizations outside Iran that the National Endowment for Democracy funds ». Timmerman’s own neocon Foundation for Democracy is « a private, non-profit organization established in 1995 with grants from the National Endowment for Democracy (NED), to promote democracy and internationally-recognized standards of human rights in Iran ».