Raconter des salades sur l’économie
Paul Craig Roberts, 11 août 2009
Vendredi dernier, il y avait un gros titre sur Bloomberg.com : « Les actions américaines montent et les bons du trésor chutent alors que le taux de chômage baisse ».
Observons la baisse du taux de chômage qui a été rapportée. Pensez-vous vraiment que l’industrie automobile des Etats-Unis a créé 28.000 emplois en juillet, en plein milieu de la faillite de General Motors (GM), de la vente et de la fermeture de divisions auto de GM et de la disparition de concessionnaires GM ? Non ? Eh bien, c’est ce que le Bureau des Statistiques sur l’Emploi (BLS) a rapporté.
Ces 28.000 nouveaux emplois ont été créés par « ajustements saisonniers ». Juillet est un mois où des emplois sont automatiquement ajoutés par le BLS pour atténuer la variation saisonnière des licenciements des travailleurs automobile durant la réorganisation pour la nouvelle année automobile. Cette année, la majeure partie de la réorganisation ne s’est pas produite, pourtant, il y a bien eu des réajustements saisonniers. Les ajustements sont également faits pour soutenir les industries qui sont partiellement à l’arrêt alors que la production automobile stoppe pour se réorganiser.
Encore plus d’emplois fantômes ont été créés par le « Modèle Création/Destruction ». Les données sur les emplois salariés contiennent des estimations sur les embauches par les nouvelles entreprises et sur les emplois détruits par les faillites d’entreprises. Les entreprises faisant faillite ne rapportent pas les emplois perdus (destructions) et les nouveaux emplois créés par les start-up (créations) ne sont pas pris en compte dans le rapport. Le gouvernement estime ces chiffres, mais ces estimations sont principalement basées sur les périodes de croissance, pas en périodes de récession. Par conséquent, durant les retournements économiques, les estimations selon le Modèle Création/Destruction surestime le nombre de nouveaux emplois créés par les start-up et sous-estime les destructions d’emplois.
Les perspectives de l’emploi ont été encore améliorées en supprimant des chiffres du chômage une autre catégorie de travailleurs, qui sont restés trop longtemps au chômage sans rechercher activement un emploi. Souvenez-vous que les chômeurs de longue durée ne recherchant pas activement un emploi (les personnes au chômage depuis plus d’un an) ne sont pas comptabilisés dans la population active. La longueur du déclin actuel signifie que les chômeurs plus récents découragés par la recherche d’emploi, qui sont comptabilisés parmi les chômeurs, sont en train de passer dans la catégorie des chômeurs de longue durée, qui efface tout simplement leur existence et qui abaisse le taux officiel de chômage.
Toutes sortes de distorsions peuvent trouver leur voie dans les statistiques officielles. Par exemple, les estimations de la production industrielle sont basées sur la consommation d’électricité. Un temps inhabituellement chaud, qui provoque un bond de l’utilisation de l’air conditionné, apparaît dans les statistiques comme une augmentation de la production industrielle. Des périodes fraîches durant l’été réduisent la consommation d’électricité et ont pour résultat des chutes fantômes de la production industrielle.
Des chiffres dérisoires des ventes de détail peuvent augmenter sous l’effet d’une augmentation de l’inflation.
Une augmentation du PIB peut être le résultat d’une inflation sous-estimée.
D’autres distorsions apparaissent lors des comparaisons d’une année sur l’autre. Au fur et mesure que le temps passe, les nouvelles comparaisons ne se font pas avec les pics précédents, mais avec les plus bas plus récents. Par conséquent, les déclins qui sont rapportés sont moins sévères que les précédents, ce qui a pour résultat que les choses paraissent meilleures alors qu’elles ne le sont pas.
En arrangeant les nouvelles économiques, une apparence de redressement est créée et ceci trompe les gens qui retournent vers la bourse et les marchés immobiliers, où ils peuvent perdre l’argent qu’il leur reste.
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Spinning the Economic News
Paul Craig Roberts, August 11, 2009
Last Friday, a Bloomberg.com headline read: "U.S. Stocks Gain, Treasuries Drop as Unemployment Rate Declines."
Let's have a look at the reported decline in the rate of unemployment. Do you believe that the U.S. auto industry added 28,000 jobs in July amidst the GM bankruptcy, sell-off and close-down of GM auto divisions, and demise of GM suppliers? No? Well, that's what the Bureau of Labor Statistics reported.
The 28,000 new jobs were created by "seasonal adjustments." July is a month when jobs are automatically added by the BLS to seasonally smooth the layoffs of autoworkers during July's retooling for the new model year. This year, most of the retooling did not occur, yet the annual seasonal adjustments did. Adjustments are also made for supporting industries, which are partially idled while auto production halts for retooling.
More phantom jobs were created by the "Birth-Death Model." The payroll jobs data contains guesses about the numbers of new startup company hires and jobs lost from business failures. Failed businesses don't report the lost jobs (deaths), and new jobs from startups (births) are not captured in the reporting. The government estimates these numbers, but the estimates are based mainly on growth periods, not on recessionary times. Consequently, during economic downturns, the Birth-Death Model overestimates the number of new startup jobs and underestimates the job loss.
The employment outlook was further improved by pushing another cadre of workers, who have been unemployed for too long, off the unemployment rolls. Remember that, since the Clinton administration, the long-term discouraged (people out of work for more than one year) are not counted as being in the workforce. The length of the current downturn means that short-term discouraged workers, who are counted among the unemployed, are now moving into the long-term discouraged category, which simply erases their existence and lowers the measured rate of unemployment.
All sorts of distortions can find their way into the official statistics. For example, industrial production estimates are based on electricity consumption. Unusually hot weather, which causes a jump in air conditioning use, appears in the statistics as an increase in industrial output. Cool weather spells during summer reduces electricity use and results in a phantom drop in industrial output.
Nominal retail sales figures can increase from an uptick in inflation.
An increase in real gross domestic product can be the result of underestimating inflation.
Other distortions come from the year-to-year comparisons. As time passes, new comparisons are no longer with previous peaks, but with more recent lows. Thus, reported declines are less severe than previously, which makes things sound better when they aren't.
By spinning the financial news, the appearance of recovery is created, and this lures people back into the stock and real-estate markets where they can lose the remainder of their wealth.
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