L’économie aussi est un mensonge
Paul Craig Roberts, 2009/09/21
Les gens ne peuvent obtenir de leur gouvernement la vérité sur rien, y compris l'économie. Les Américains sont amenés économiquement au bout du rouleau, avec un million d'écoliers aujourd’hui sans abri, tandis que le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, annonce que la récession est finie.
La poudre aux yeux qui se présente comme "information" est de plus en plus délirante. La dépense de consommation représente 70% de l'économie étasunienne. C’est la force motrice, et elle a été arrêtée. Excepté pour le super riche, le consommateur n’a vu aucune hausse de revenu au 21ème siècle. Sur shadowstats.com, le statisticien John Williams signale que le revenu réel des ménages n'a jamais retrouvé son apogée d’avant 2001.
L'économie a été maintenue en marche en substituant la montée de l'endettement du consommateur à la hausse de son revenu. L’ancien président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan, a favorisé l'endettement du consommateur avec de faibles taux d'intérêt. Un faible taux d'intérêt fait monter le prix des maisons, permettant ainsi aux Étasuniens de refinancer leur résidence et de dépenser leurs capitaux propres. Les cartes de crédit ont servi frénétiquement en attendant les hausses espérées de l'immobilier et de la valeur des actions pour payer la dette accumulée. La fiesta a été interrompue par l’éclatement de la bulle de l'immobilier et des capitaux propres.
Au moment où le consommateur ne peut plus augmenter sa dette, et son revenu n'augmentant pas, il n’y a aucune base de relance pour l’économie de consommation. En effet, les statistiques montrent que le consommateur rembourse sa dette dans une démarche visant à survivre financièrement. Dans une économie dont la force motrice est le consommateur, c’est une mauvaise nouvelle.
Les banques d’affaires remercient à présent la dérégulation motivée par la cupidité qui a annulé les leçons apprises du passé. Les banques sont encore plus téméraires que le consommateur. Pour de nouveaux sommets, elles acceptent l’effet levier spéculatif. À la demande pressante de Larry Summers et de Henry Paulson, chef de la direction de Goldman Sachs, la Securities and Exchange Commission et le régime Bush ont coopéré pour supprimer les restrictions sur l'effet levier de la dette.
Lorsque la bulle a éclaté, l’énorme effet levier a menacé d’abattre le système financier. Avec une quantité de milliers de milliards de dollars connue de personne, le Trésor et la Réserve fédérale se sont portés volontaires pour « renflouer le système financier, » dans une démarche visant, évidement, à sauver les établissements financiers motivés par la rapacité, à l’origine de la débâcle économique qui a dépossédé le simple quidam de la moitié de ses économies.
Le consommateur s'est assagi mais pas les banques. Requinquées par les 700 milliards de dollars du TARP et le gonflement de la feuille de balance de la Réserve fédérale, les banques se comportent toujours comme des hedge funds (fonds spéculatifs). Grâce à la reprise passagère actuelle des actions du marché boursier, qui n'est pas du tout un signe de reprise économique, mais la violente attaque finale de quelques banques d'affaires et leurs amis de Washington contre la richesse des gens, la spéculation à effet levier produit une nouvelle bulle. Roulant sur les bénéfices, Goldman Sachs a annoncé des bonus à six chiffres pour ses employés.
Le reste des États-Unis souffre terriblement.
Tel qu’il est rapporté, le taux de chômage est une fiction, et cela depuis le régime Clinton. Le taux de chômage n’inclut pas le chômeur depuis plus d'un an qui a renoncé à chercher du travail. Le taux de chômage de 10% rapporté sous-estime les millions de chômeurs de longue durée, qui ne sont plus comptabilisés comme demandeurs d’emploi. Chaque mois passant, des chômeurs perdent leur statut de demandeur d’emploi simplement à cause de la fuite du temps.
Le taux d'inflation, en particulier de l’« inflation de base, » est une autre fiction. L’« inflation de base » ne compte pas les aliments et l'énergie, deux éléments principaux du budget. L'Indice des prix à la consommation (IPC) suppose, depuis la Commission Boskin à l’époque du régime Clinton, que si le prix d’un article monte, le consommateur le remplace par un article meilleur marché. C'est certainement le cas, mais cette manière de mesurer l'inflation signifie que l’IPC n'est plus comparable aux années précédentes, puisque le panier des marchandises indexées varie.
L’IPC de la Commission Boskin, grâce à la réduction du taux d'inflation mesuré, augmente le taux de croissance réel du PIB. La conséquence des statistiques manipulées, c’est un taux d'inflation sous-estimé, qui érode la valeur réelle du revenu de l’aide sociale, et un taux de croissance surestimé. La manipulations des statistiques masque la baisse du niveau de vie.
Autrefois, la prospérité étasunienne, le revenu du citoyen, s’élevait avec la productivité. C’était la croissance réelle du revenu des gens qui poussait l'économie.
Dans les États-Unis d'aujourd'hui, les revenus qui montent sont dans la finance, au risque pour l’avenir du pays d’un effet levier excessif, et dans les compagnies mondiales qui remplacent la main-d'œuvre étasunienne par des étrangers. Avec les règles d'indemnisation et l'insistance sur le bénéfice de l’actionnariat qui règnent aujourd'hui aux États-Unis, les cadres des compagnies maximisent leurs gains et leur traitement en limitant l'emploi pour la majorité.
Essayez de trouver quelque aveu de cela dans les grands médias ou chez les économistes qui, pour des subventions, lèchent les bottes des compagnies qui délocalisent.
Le pire moment du déclin est encore à venir. Les faillites bancaires et les saisies immobilières sont toujours à leur apogée. La débâcle de l'immobilier commercial est encore à venir. La crise du dollar se tisse.
Quand ça frappera, les taux d'intérêt augmenteront considérablement, car les États-Unis devront lutter pour financer leur énorme budget et déficit commercial, pendant que le reste du monde tentera d'échapper à la dépréciation du dollar.
Depuis le printemps de cette année, la valeur du dollar a fondu par rapport à toutes les monnaies sauf celles qui lui sont rattachées. Le franc suisse a augmenté de 14% par rapport au dollar. Depuis avril 2009, toutes les devises fortes, du dollar canadien à l'euro et à la livre britannique, ont augmenté d'au moins 13% par rapport au dollar. Le yen japonais n'est pas loin derrière, et le real brésilien a augmenté de 25% par rapport au tout-puissant dollar. Même le rouble russe a pris 13% sur le dollar.
Quelle sorte de reprise peut-il y avoir quand l'investissement le plus sûr consiste à parier contre le dollar ?
Le ménage de mon époque, quand le mari travaillait et la femme s’occupait de l’entretien ménager et élevait les enfants, n’existe plus guère aujourd'hui. Les conjoints de la plupart, si ce n’est de tous les ménages, doivent travailler pour payer les factures. Mais les emplois disparaissent, même ceux à temps partiel.
S’il était mesuré avec la méthode utilisée quand j'étais ministre adjoint aux Finances, le taux de chômage aux Etats-Unis serait supérieur à 20% aujourd’hui. En outre, il n'existe aucun moyen évident de le réduire. Il n’existe aucune usine, dont la main-d’œuvre serait temporairement au chômage du fait de taux d’intérêt élevés, n’attend une politique d’intérêt faible pour rappeler sa main-d’œuvre à la production.
Le travail a été déplacé à l'étranger. Dans les jours enfuis de la prospérité étasunienne, l’idée de leur responsabilité égale envers les clients, employés et actionnaires avait été inculquée chez les directeurs généraux. Cette idée a été abolie. Poussés par Wall Street et la menace d'OPA, promettant aux actionnaires d’« améliorer la valeur, » et incitant par la « rémunération au rendement, » les patrons utilisent tous les stratagèmes pour remplacer les salariés étasuniens par des étrangers moins chers (Comment sont menacés les travailleurs assidus bien formés aux États-Unis, de Rennie Sawade, 14 septembre 2009). Malgré 20% de chômage et des ingénieurs diplômés avec mention qui ne trouvent pas d'emploi, ni même d’entretiens d'embauche, le Congrès continue chaque année maintenir 65.000 visas de travail H-1B pour les étrangers.
Au milieu de la plus grande période de chômage depuis la Grande Dépression, quel genre de fou faut-il être pour penser qu'il y a une pénurie d’employés qualifiés aux États-Unis ?
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The Economy Is A Lie, Too
Paul Craig Roberts, September 21, 2009
Americans cannot get any truth out of their government about anything, the economy included. Americans are being driven into the ground economically, with one million school children now homeless, while Federal Reserve chairman Ben Bernanke announces that the recession is over.
The spin that masquerades as news is becoming more delusional. Consumer spending is 70% of the US economy. It is the driving force, and it has been shut down. Except for the super rich, there has been no growth in consumer incomes in the 21st century. Statistician John Williams of shadowstats.com reports that real household income has never recovered its pre-2001 peak.
The US economy has been kept going by substituting growth in consumer debt for growth in consumer income. Federal Reserve chairman Alan Greenspan encouraged consumer debt with low interest rates. The low interest rates pushed up home prices, enabling Americans to refinance their homes and spend the equity. Credit cards were maxed out in expectations of rising real estate and equity values to pay the accumulated debt. The binge was halted when the real estate and equity bubbles burst.
As consumers no longer can expand their indebtedness and their incomes are not rising, there is no basis for a growing consumer economy. Indeed, statistics indicate that consumers are paying down debt in their efforts to survive financially. In an economy in which the consumer is the driving force, that is bad news.
The banks, now investment banks thanks to greed-driven deregulation that repealed the learned lessons of the past, were even more reckless than consumers and took speculative leverage to new heights. At the urging of Larry Summers and Goldman Sachs’ CEO Henry Paulson, the Securities and Exchange Commission and the Bush administration went along with removing restrictions on debt leverage.
When the bubble burst, the extraordinary leverage threatened the financial system with collapse. The US Treasury and the Federal Reserve stepped forward with no one knows how many trillions of dollars to “save the financial system,” which, of course, meant to save the greed-driven financial institutions that had caused the economic crisis that dispossessed ordinary Americans of half of their life savings.
The consumer has been chastened, but not the banks. Refreshed with the TARP $700 billion and the Federal Reserve’s expanded balance sheet, banks are again behaving like hedge funds. Leveraged speculation is producing another bubble with the current stock market rally, which is not a sign of economic recovery but is the final savaging of Americans’ wealth by a few investment banks and their Washington friends. Goldman Sachs, rolling in profits, announced six figure bonuses to employees.
The rest of America is suffering terribly.
The unemployment rate, as reported, is a fiction and has been since the Clinton administration. The unemployment rate does not include jobless Americans who have been unemployed for more than a year and have given up on finding work. The reported 10% unemployment rate is understated by the millions of Americans who are suffering long-term unemployment and are no longer counted as unemployed. As each month passes, unemployed Americans drop off the unemployment role due to nothing except the passing of time.
The inflation rate, especially “core inflation,” is another fiction. “Core inflation” does not include food and energy, two of Americans’ biggest budget items. The Consumer Price Index (CPI) assumes, ever since the Boskin Commission during the Clinton administration, that if prices of items go up consumers substitute cheaper items. This is certainly the case, but this way of measuring inflation means that the CPI is no longer comparable to past years, because the basket of goods in the index is variable.
The Boskin Commission’s CPI, by lowering the measured rate of inflation, raises the real GDP growth rate. The result of the statistical manipulation is an understated inflation rate, thus eroding the real value of Social Security income, and an overstated growth rate. Statistical manipulation cloaks a declining standard of living.
In bygone days of American prosperity, American incomes rose with productivity. It was the real growth in American incomes that propelled the US economy.
In today’s America, the only incomes that rise are in the financial sector that risks the country’s future on excessive leverage and in the corporate world that substitutes foreign for American labor. Under the compensation rules and emphasis on shareholder earnings that hold sway in the US today, corporate executives maximize earnings and their compensation by minimizing the employment of Americans.
Try to find some acknowledgement of this in the “mainstream media,” or among economists, who suck up to the offshoring corporations for grants.
The worst part of the decline is yet to come. Bank failures and home foreclosures are yet to peak. The commercial real estate bust is yet to hit. The dollar crisis is building.
When it hits, interest rates will rise dramatically as the US struggles to finance its massive budget and trade deficits while the rest of the world tries to escape a depreciating dollar.
Since the spring of this year, the value of the US dollar has collapsed against every currency except those pegged to it. The Swiss franc has risen 14% against the dollar. Every hard currency from the Canadian dollar to the Euro and UK pound has risen at least 13 % against the US dollar since April 2009. The Japanese yen is not far behind, and the Brazilian real has risen 25% against the almighty US dollar. Even the Russian ruble has risen 13% against the US dollar.
What sort of recovery is it when the safest investment is to bet against the US dollar?
The American household of my day, in which the husband worked and the wife provided household services and raised the children, scarcely exists today. Most, if not all, members of a household have to work in order to pay the bills. However, the jobs are disappearing, even the part-time ones.
If measured according to the methodology used when I was Assistant Secretary of the Treasury, the unemployment rate today in the US is above 20%. Moreover, there is no obvious way of reducing it. There are no factories, with work forces temporarily laid off by high interest rates, waiting for a lower interest rate policy to call their workforces back into production.
The work has been moved abroad. In the bygone days of American prosperity, CEOs were inculcated with the view that they had equal responsibilities to customers, employees, and shareholders. This view has been exterminated. Pushed by Wall Street and the threat of takeovers promising “enhanced shareholder value,” and incentivized by “performance pay", CEOs use every means to substitute cheaper foreign employees for Americans.
Despite 20% unemployment and cum laude engineering graduates who cannot find jobs or even job interviews, Congress continues to support 65,000 annual H-1B work visas for foreigners.
In the midst of the highest unemployment since the Great Depression what kind of a fool do you need to be to think that there is a shortage of qualified US workers?
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