Des criminels de guerre deviennent arbitres de la loi

Paul Craig Roberts, 2009/10/12

 

Le double standard sous lequel le gouvernement israélien opère est inacceptable pour tout le monde sauf les américains passés au lavage de cerveau. Même un éditorialiste aussi israélien que celui du Jerusalem Post peut voir le double standard affiché par l'affirmation que “tout Israël parle désormais d'une seule voix contre le Rapport Goldstone”:

C'est l’idée que se fait tout Israélien de la manière juste : Nous sommes en droit de faire toutes les horreurs que nous voulons aux Palestiniens car, par définition, ce que nous leur faisons, c’est de la légitime défense. Ils n’ont pas pour autant le droit de lever un doigt contre nous car, par définition, tout ce qu'ils nous font, c'est du terrorisme.

Il en est ainsi depuis toujours, c'est la manière dont fut menée l'Opération Plomb Fondu (Cast Lead).

Et il n'y a pas de limites à notre droit à l'autodéfense. Rien de ‘’disproportionné’’ n’existe.

À Gaza, nous pouvons détruire délibérément des milliers de maisons, le parlement, le ministère de la Justice et de l'Intérieur, les tribunaux, l’unique moulin à farine, le principal élevage de volailles, l’équipement de traitement des eaux usées, les puits et Dieu sait quoi encore.

Délibérément.

Pourquoi ? Parce que nous sommes meilleurs qu'eux. Parce que nous sommes une démocratie et que c'est une bande d'islamo-fascistes. Parce que la nôtre est une culture de la vie et la leur est une culture de mort. Parce qu'ils ne sont pas en mesure de nous détruire et tout ce que nous disons c'est donner une chance à la paix.

Les Goldstone du monde qualifient cela d’hypocrisie, de deux poids deux mesures. Comment osent-ils ! Par ici nous appelons cela de la limpidité morale. » Rattling the Cage: Our exclusive right to self-defense, par Larry Derfner, 8 octobre 2009.

Personne ne lira jamais cela dans le New York Times ou le Washington Post, ni ne l'entendra d’une source d’information étasunienne. A la différence des journaux israéliens, les médias étasuniens sont de parfaits porte-voix du Lobby d'Israël. Jamais une parole critique n’est entendue.

Cela sera encore plus le cas maintenant car, après des années d'efforts, le lobby israélien a réussi à abroger le Premier Amendement en joignant le projet de loi contre le crime de haine à celui récemment adopté sur les crédits militaires. C’est la manière donc fonctionne le syllogisme :

Il est antisémite de critiquer Israël. L'antisémitisme est un crime de haine. Critiquer Israël est donc un crime de haine.

Comme le note le Jerusalem Post, ce syllogisme est de la « limpidité morale. »

M. John Sawers, l'ambassadeur britannique auprès des Nations Unies, est entré dans l’arène du crime de haine quand il a dit à la radio de l'armée d’Israël que le Rapport Goldstone sur l'agression militaire d'Israël à Gaza contient « quelques détails très graves qui doivent être étudiés. »

À un an près, quand l’Anti-Defamation League aura sa phalange de procureurs en place au ministère de la Justice (sic), Sawers aurait été arrêté et placé devant un tribunal. L'immunité diplomatique ne veut rien dire pour les États-Unis qui envahissent couramment d'autres pays et exécutent leurs dirigeants ou les envoie à La Haye pour les juger comme des criminels de guerre.

Il n’empêche que, dans l'intervalle, le gouvernement israélien a averti Sawers et le gouvernement britannique que tout soutien envers le Rapport Goldstone entraînerait l’abolition de la double norme qui protège l'Occident et Israël, et créerait un précédent qui placerait les Britanniques sur le banc des accusés pour crimes de guerre en Irak et en Afghanistan.

« Londres, » a déclaré le gouvernement israélien, « pourrait se retrouver avec des menottes s’il soutient le document [le Rapport Goldstone]. »

Dès que la cellule des crimes de haine du ministère de la Justice sera en place, les juifs antisémites, comme les meneurs du mouvement pacifiste israélien et les journalistes d’Haaretz et du Jerusalem Post, pourront s'attendre à être inculpés pour crime de haine antisémite devant les tribunaux étasuniens.

War Criminals Are Becoming The Arbiters Of Law

Paul Craig Roberts, October 12, 2009

 

The double standard under which the Israeli government operates is too much for everyone except the brainwashed Americans. Even a columnist in the very Israeli Jerusalem Post can see the double standard displayed by “all of Israel now speaking in one voice against the Goldstone report”:

“This is the Israeli notion of a fair deal: We’re entitled to do whatever the hell we want to the Palestinians because, by definition, whatever we do to them is self-defence. They, however, are not entitled to lift a finger against us because, by definition, whatever they do to us is terrorism.

That’s the way it’s always been, that’s the way it was in Operation Cast Lead.

And there are no limits on our right to self-defense. There is no such thing as ‘disproportionate.’

We can deliberately destroy thousands of Gazan homes, the Gazan parliament, the Ministry of Justice, the Ministry of Interior, courthouses, the only Gazan flour plant, the main poultry farm, a sewage treatment plant, water wells and God knows what else.

Deliberately.

Why? Because we’re better than them. Because we’re a democracy and they’re a bunch of Islamo-fascists. Because ours is a culture of life and theirs is a culture of death. Because they’re out to destroy us and all we are saying is give peace a chance.

The Goldstones of the world call this hypocrisy, a double standard. How dare they! Around here, we call it moral clarity.” Rattling the Cage: Our exclusive right to self-defense, by Larry Derfner, Oct. 8, 2009.

A person would never read such as this in the New York Times or Washington Post or hear it from any US news source. Unlike Israeli newspapers, the US media is a complete mouthpiece for the Israel Lobby. Never a critical word is heard.

This will be even more the case now that the Israel Lobby, after years of effort, has succeeded in repealing the First Amendment by having the Hate Crime Bill attached to the recently passed military appropriations bill. This is the way the syllogism works:

It is anti-Semitic to criticize Israel. Anti-Semitism is a hate crime. Therefore, to criticize Israel is a hate crime.

As the Jerusalem Post notes, this syllogism has “moral clarity.”

Britain’s ambassador to the United Nations, John Sawers, stepped into the hate crime arena when he told Israel Army radio that the Goldstone report on Israel’s military assault on Gaza contains “some very serious details which need to be investigated.”

A year from now when the Anti-Defamation League has its phalanx of US Department of Justice (sic) prosecutors in place, Sawers would be seized and placed on trial. Diplomatic immunity means nothing to the US, which routinely invades other countries, executes their leaders or sends them to The Hague for trial as war criminals.

In the meantime, however, the Israeli government put Sawers and the UK government on notice that British support for the Goldstone Report would result in the destruction of the double standard that protects the West and Israel and create a precedent that would place the British in the dock for war crimes in Iraq and Afghanistan.

“London,” declared the Israeli government, “could find itself in handcuffs if it supports the document [the Goldstone report].”

Once the DOJ’s hate crime unit is up and running, “self-hating Jews,” such as leaders of the Israeli peace movement and Haaretz and Jerusalem Post journalists, can expect to be indicted for anti-Semitic hate crimes in US courts.